Paris, le 8 aout 2011
Lettre ouverte aux Présidents et Conseils d’Administrations des Caisses Régionales de Crédit Agricole
Madame, Monsieur,
En cet été 2011, les places boursières sont à nouveau agitées, et les agences de notation pourtant peu crédibles sur leurs prévisions d’avant la crise des subprimes, dictent leur loi aux gouvernements et s’en donnent à cœur joie pour alimenter la spéculation financière et dépecer ce qui reste de services publics en Europe, au nom d’un libéralisme économique dont la perversité n’est plus à démontrer.
Dans cette tempête économique, le Crédit Agricole n’est pas épargné et la chute du cours de son action ne conduit pas à une analyse sereine des erreurs stratégiques qui ont con-duit le groupe à enregistrer plus de 15 milliards de pertes à ce jour. Pour autant, si le Groupe et les Caisses Régionales communiquent abondamment sur le mutualisme et le retour à une banque de proximité et de territoire, le changement de stratégie sur le terrain tarde à se con-crétiser.
D’une part, les responsables des pertes financières n’ont fait l’objet d’aucune sanction pas même d’un désaveu, quand ils ne continuent pas à sévir dans les différentes structures du Groupe. D’autre part, le plan 2014, s’il pose le principe d’un retour aux fondamentaux régu-lièrement demandés par la CGT, préconise une accélération de l’industrialisation des métiers de banque assurance qui menace la proximité et le mutualisme des Caisses régionales.
Par ailleurs, malgré ses grandes incantations sur les valeurs éthiques largement reven-diquées dans ses campagnes de communication, le Groupe Crédit Agricole compte toujours plus de 100 filiales dans les paradis fiscaux qui sont autant d’officines de détournement de bien public et de trafics en tous genres qui impactent tant les salariés que les clients entreprises ou particuliers.
Nous n’aurons pas l’outrecuidance de vous rappeler les nombreuses mises en garde prémonitoires que la CGT vous a adressées à chacune des étapes de l’évolution du groupe Crédit Agricole depuis la mutualisation de la Caisse Nationale. Simplement les faits et les crises économiques à répétition ont invalidé la pertinence du modèle hybride (mutualiste dans les CR, capitaliste avec CASA) mis en place par les promoteurs de SAS la Boétie, imprégnés d’idéologie ultra libérale qui ne pouvaient supporter plus longtemps que les réserves des Caisses Régionales soient soustraites aux marchés de la spéculation financière.
Les Caisses Régionales et leurs capitaux constituent le socle vital, du groupe Crédit Agricole. Avec leurs salariés, leurs sociétaires et leurs clients, elles sont garantes de la solidité de celui-ci. La quête absolue de l’amélioration du coefficient d’exploitation pour satisfaire les agences de notation menace la qualité des métiers de banquiers de proximité qui ont assuré le succès du Crédit Agricole.
Aussi au nom de la CGT, nous vous demandons d’intervenir auprès des directions de vos Caisses pour que la mise en œuvre d’un retour aux fondamentaux et aux valeurs mutua-listes ne reste pas au stade des bonnes intentions. Nous vous demandons également la transpa-rence sur les différentes SAS qui constituent les capitaux propres de votre Caisse. Le caractère a-capitaliste inscrit dans le statut coopératif de votre Caisse Régionale vous engage.
Comptant sur le sens de responsabilité sociétale que votre fonction vous impose, nous vous prions d’accepter Madame, Monsieur, l’expression de nos sentiments les meilleurs.
Le Collectif National CGT du Crédit Agricole
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